La NR/ Qu’en est-il de l’état actuel du barrage Beni Haroun ?
Comme vous le savez le barrage Beni Haroun a été conçu pour stocker une capacité de 960 millions de m3.ce volume est destiné à alimenter en eau potable et en eau d’irrigation ainsi qu’industrielle, si un jour cela le permettait. Il sera aussi renforcer avec un autre barrage en cas de nécessité absolue. On aura à prélever de Bou Siaba, le barrage qui est en construction au niveau d’El Milia pour un volume de 60millions de m3.
Actuellement nous emmagasinons 450millions de m3 au niveau du barrage Beni Haroun.
Parlez-nous un peu de la méga-station.
En ce qui concerne la méga-station, ou la station mère qui est prévue pour pomper 23m3/s à l’aide de deux pompes géantes, on dit que c’est un prototype unique. D’après mes connaissances, il me semble que cela ne peut être que vrai. Nous sommes à l’état des essais mais qui s’avèrent souvent concluants. Parfois, on tombe en panne et on reprend le pompage pour remplir le barrage tampon de Oued El Athménia qui est d’une capacité de 35 millions de m3. A partir de ce barrage on va alimenter la station de traitement de Oued El Athménia qui prévoit le traitement de 330 mille m3 à long terme à destination de Constantine et ses autres communes en l’occurrence Aïn S’mara, El khroub, la partie Nord-Est, etc et on en prélèvera pour cinq localité du sud de la wilaya de Mila : Teleghma , Chelghoum Laïd, Tadjenant, Oued segane et Oued El Athménia. Cela à partir de ce qu’on appelle le couloir deux et trois parce que la station de traitement de Oued El Athménia va pomper ses eaux dans le couloir trois, la grande conduite de 1200 va véhiculer dans un premier temps de 50 mille m3 à cent mille m3/jour. Si cela venait à se concrétiser, nous allons soulager fortement Constantine. Et évidemment les cinq agglomérations du sud qui elles aussi souffrent un tant soit peu par le manque d’eau mais pas autant que Constantine.
Toujours, en ce qui concerne cette station de pompage, quelle est sa capacité de fonctionnement actuelle ?
Actuellement, elle fonctionne avec une seule pompe, Alston est en train de réparer la seconde pompe. Nous soutirons actuellement 11,5m3/seconde. C’est la capacité d’une seule pompe. Pour la seconde pompe, une fois terminée, et mise en service, nous permettra de renforcer avec 11,5m3/seconde, ce qui nous donnera 23 m3/seconde.
Au niveau des stations de traitement tout est fin prêt pour traiter l’eau et l’acheminer vers le consommateur. Nous espérons être au rendez-vous d’ici le premier septembre. Nous avons déjà commencé à traiter l’eau, mais elle ne sera prête pour la consommation que d’ici quelques jours parce que pour la consommation, elle nécessite quand même un certain temps.
Et la station de traitement d’AïnTine ?
Concernant cette station de traitement, elle sera alimentée au niveau au niveau de la galerie, elle ne prendra pas ses eaux au niveau du barrage de Oued El Athménia qui est lui un barrage tampon, régulateur. Elle aura à traiter dans un premier temps entre 20 à 22 mille m3. Ces eaux seront destinées à neuf de nos principales communes du nord de la wilaya à savoir Aïn Tine, Mila, Grarem, Sidi Mérouane, Zeghaïa, Oued Endja, Tiberguent Ahmed Rachedi, Rouached et Ferdjioua.Cahque commune bénéficiera de la quantité à même de combler le déficit existant actuellement. Cela ne veut pas dire aussi que nous allons arrêter le pompage de nos anciens ouvrages ; ils continueront à fonctionner. Je dis cela, à titre de rappel, pour certaines personnes qui pensent qu’avec l’avènement du barrage Beni Haroun on va arrêter le reste. Ce qui n’est pas juste ; les calculs ont été effectués sur la base du déficit et non des besoins.
Comme je tiens à ajouter également que nous espérons lancer prochainement les travaux de pose des conduites à destination des autres wilayas : Oum El Bouaghi, Batna, Khenchela.
Quel serait, donc, l’impact du barrage Beni Haroun, en matière d’AEP et d’irrigation, une fois les différentes infrastructures d’accompagnement achevées ?
Lorsque nous auront atteint la vitesse de croisière prévue dans l’étude, nous aurons 330 mille m3/jour pour Constantine et les cinq agglomérations que j’ai déjà citées. Nous aurons 85 mille m3 à partie de la station de Aïn Tine à destination des neufs localités du nord de la wilaya de Mila. Nous aurons également un transfert d’eau brute à destination des autres wilayas et en même temps pour l’irrigation dans la wilaya de Mila de 8000 ha dont deux mille ha feront partie du territoire d’Oum El Bouaghi. Donc, ce seront les premiers avantages pour l’agriculture. Mais nous considérons toujours qu’en ce qui concerne la wilaya de Mila, qui a perdu beaucoup plus que cela, nous souhaiterions bénéficier encore de 5000ha en matière de terre à irriguer.
Quelles sont les mesures prises pour protéger le barrage contre la pollution ?
A ce sujet, il est prévu cinq stations d’épuration dont l’une est déjà en cours au niveau de Sidi Mérouane d’une capacité de 450 mille équivalent /habitants.Il y en aura une autre au niveau de Rouached, Ferdjioua, Boughardayane (Arras) comme il y aura deux lagunes : l’une à Zeghaïa et l’autre à Sidi Mérouane.
En matière de protection contre la pollution et le déversement des eaux usées. Celle de Sidi Mérouane est à 23% de réalisation.
Toujours en matière de protection, le barrage Beni Haroun a été le théâtre d’une quinzaine de noyades ; d’après-vous quelles mesures pourrait-on prendre afin d’éviter ces tragédies ?
C’est vrai que nous déplorons depuis la mise en eau du barrage, la perte cruelle d’une quinzaine d’enfants de bas âge, ce qui est malheureux ; mais que peut-on y faire ?
La seule façon que nous suggérons nous du secteur, c’est la vulgarisation et nous l’avons faite. Nous avons été jusqu’à solliciter les imams lors des prêches du vendredi pour sensibiliser les parents qui à leur tour doivent jouer pleinement leurs rôles, sinon, cela ne servirait de les avertir. Mêmes action effectuée dans les écoles, dans les rues. A chaque fois que l’occasion se présente nous tirons la sonnette d’alarme avertissons les gens que ce barrage est dangereux pour la nage. Une fois de plus, et puisque l’occasion se présente, je demande à la presse de nous aider pour mettre un frein à cette course vers le barrage qui représente un danger permanent pour ceux qui s’y aventure pour nager. On a également mis des fils barbelés, des écriteaux, des panneaux ; mais nous persistons à dire qu’il n’ya pas meilleur que la vulgarisation et la sensibilisation des parents.
Pour terminer, pouvez-vous nous éclairer sur la situation du barrage Grouz qui, récemment, a perdu ses eaux ?
Ce barrage qui était conçu pour alimenter la partie sud de Constantine et d’une capacité de 3 5 millions de m3, il y eu un phénomène géologique, ce qui arrive un peu partout à travers le monde. Normalement on aurait pu y pallier lors de la réalisation initiale. Il se pourrait qu’il y ait eu une mauvaise protection. Je ne pourrais imputer la responsabilité à personne, parce qu’à cette époque je n’étais pas présent et donc, je n’y ai pas participé. Le barrage était bouché au début et après le premier remplissage de 2002 ou 2003, les poussées étaient si grandes, comme le phénomène du bouchon dans une bouteille ; mais comme ce n’était pas un bon bouchon, il a fini par céder. Quand ce phénomène a eu lieu, le bouchon en question se trouvait comme par malheur du coté bas de la cuvette, et il était de presque 20 mètre de diamètre, ce qui a avalé toute l’eau qui était dans le barrage. On ne l’a jamais vidé, au contraire, on a tout fait pour sauver le poison qui y était et éviter une catastrophe écologique comme cela s’est passé, il y a quelques années, à Skikda. On a sauvé le maximum de poissons et on les a semés au niveau du barrage de Beni Haroun, au niveau du barrage tampon de Oued El Athménia et dans deux autres petits barrages que nous avons récemment réalisés.
Maintenant en matière de mesures, il y a déjà une équipe de spécialistes qui est allée sur le terrain, elle a fait ses premiers constats, elle va revenir pour faire l’étude de réalisation, et on ne perdra jamais ce barrage ; parce que, moi-même, je suis convaincu que c’est quelque chose qu’on répare facilement.
Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm
(La Nouvelle République)