Entretien avec Le Professeur Al Kassem Lezzar, (médecin chef du service endocrinologie au CHU Ibn Badis Constantine) à La Nouvelle République : « Il y a une mac-donaldisation de la société moderne »

En marge du 23 congrès médico-chirurgical organisé par la wilaya de Mila, La nouvelle République s’est rapprochée du Professeur Al Kassem Lezzar médecin chef du service endocrinologie au CHU Ibn Badis Constantine, en vue d’éclairer brièvement nos lecteurs sur le nouveau fléau du siècle, en l’occurrence : le diabète. Ecoutons-le :

LNR/ Pouvez-vous nous rappeler brièvement les deux types de diabètes et les populations à risques ?

Comme tout le monde sait le diabète est réparti en deux catégories, le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Le type 1 est surtout fréquent chez l’enfant avant l’âge de 30 ans ; alors que le type 2 est fréquent au-delà de 30 ans. Dans l’ensemble 90% des diabétiques sont de type 2 qui est l’apanage du sujet adulte.
Le type2 peut être traité par les comprimés ou l’insuline, alors que le type 1 nécessite un traitement par insuline. Le type 2 est très grave parce qu’il expose aux complications. Il est fréquemment associé à l’hypertension artérielle, à l’excès de graisse dans le sang, l’obésité, etc. Maintenant le problème le plus important dans le diabète c’est l’obésité. Il y a une explosion démographique du diabète.
LNR/ Pouvez-vous être précis ?

Selon les statistiques mondiales, il y a, à peu près, entre 5 et 10 % de la population mondiale qui est diabétique. Sur le plan progression, il faut savoir que dans 20 à 30 ans le diabète va doubler. Selon les estimations de l’OMS, la population diabétique, en 2025 atteindrait les 300 millions de diabétiques dans le monde.
LNR/ Quels sont les facteurs qui influent sur cette progression ?

Dans ce contexte, je citerai deux facteurs : la suralimentation et la sédentarité. Pour le premier facteur, les gens ne mangent que ce qui est graisseux et sucré. Donc, il y a une abondance alimentaire qui veut que les gens aient un accès très facile à l’alimentation. Parallèlement à cela, ils se dépensent moins. Il y a une sédentarité importante, les gens ne bougent pas, surtout avec les nouveaux moyens de communication tels que le transport, le téléphone, et qui sont la rançon de la civilisation ce qui fait augmenter l’obésité. En d’autres termes je dirai qu’il y a une « mac-donaldisation » de la société. Cette obésité progressive expose au diabète puisque 90% des diabétiques sont obèses. Donc pour ce qui est de la prévention, il faut diminuer de poids..
LNR/ Comment expliquer la présence du diabète de type 1 chez les jeunes ?

Le diabète de type1, il y a 10% des gens qui en sont atteints. Il est dû à des facteurs viraux. Donc c’est un facteur génétique, d’abord. En sus de ce facteur, il y a un facteur d’environnement extérieur qui fait apparaître le diabète. Dans le diabète de type 1, il y a un facteur toxique, c’est-à-dire viral, les virus, les maladies virales, la grippe, etc, font apparaître ce type de diabète. Il y a également des aliments, tel que le lait de vache qui exposent au diabète.
LNR/ Et les facteurs psychologiques, n’ont-ils pas un impact sur ce développement du diabète ?

Effectivement, ils ont une influence. A titre d’exemple on peut citer le stress qui peut aider à l’apparition du diabète
LNR/ Pouvez-vous nous donner quelques statistiques dans ce domaine ?

En Algérie, les statistiques actuelles concernant le diabète de type 2 font état d’un taux variant entre 5 à 7% de diabétiques.
Les estimations de l’OMS prévoient une augmentation de 67% de la population diabétique en l’espace de 20 ans. Donc, en 2000, il y avait à peu près 1 million 200 mille diabétiques, et en 2025, il y aura à peu près, 2 millions de diabétiques.
LNR/ Quels moyens de lutte peut-on conseiller aux patients ?

Les moyens de lutte qui peuvent avoir une influence c’est d’éviter d’être obèse, exercer une activité physique, observer une hygiène de vie, marcher 30mn/jour ; alors que l’OMS prévoit une marche de 150mn/semaine. Donc, l’activité physique est très importante parce qu’elle fait chuter la glycémie. Des travaux récents montrent qu’en observant une hygiène de vie correcte on fait diminuer le risque de diabète de 60%.

Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm (mai 2008)

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