Entretien : Abdelâaziz Oucherif, gérant de la Maison Latina, à La Nouvelle République : « Rien n’a été fait pour encourager les investisseurs »

portrait oucherif gérant de la maison latina Considérée parmi les plus importante entreprise de l’industrie agro-alimentaire, dans la wilaya de Mila (à Chelghoum Laïd), la Maison Latina, vient de décrocher l’insigne d’or du management, à l’occasion du 26 trophée le trophée international de la qualité le 8 mai dernier, en Espagne. Parmi une quinzaine pays de par le monde, cette entreprise privée algérienne a été consacrée pour la qualité de ses conserves.

Ecoutons son gérant :

LNR/ Vous venez de décrocher l’insigne d’or de la qualité en Espagne. A quoi est due, d’après-vous, cette consécration ?

A.O./ Je pense qu’avant toute chose, c’est le fruit d’un label raisonné et rigoureux. Arrivé à décrocher un tel prix parmi une quinzaine de pays n’est pas chose facile. Ce titre est décerné par un organisme qui regroupe environ 7000 membres et experts. Pour une jeune entreprise, je crois que c’est encourageant.

LNR/ pouvez-vous nous présenter brièvement votre entreprise ?

A.O./ La Maison Latina est un groupe familial. Nous n’avons aucun partenaire étranger. Nous avons monté notre affaire avec nos propres moyens. Le montage s’est fait en 2003, alors que l’entrée en production a débuté en 2004. Notre spécialité, les conserves en tous genres : tomate, abricot, harissa, piment, figues, jus concentré, pulpes à base de produit naturel pour boissons. Les unités Vitajus Rouiba, et Toudja sont nos clients.

Actuellement nous sommes en phase d’extension. La nouvelle unité qui entrera en service avant le mois de ramadhan prochain sera une unité de fruits et légumes réhydratés : petits -pois, maïs champignons, fruits aux sirop, en bocal ou en boites. Comme nous envisageons également de créer une autre unité pour les boissons gazéifiées et jus. Donc, notre objectif est de créer une dizaine d’unités à partir de l’unité source, ce qui va certainement se répercuter sur l’emploi.

LNR/ Peut-on avoir un chiffre ?

A.O./ Actuellement nous avons 45 postes d’emploi permanents et qui peuvent atteindre les 80 postes en pleines saison. Avec la nouvelle extension, nous comptons atteindre les 100 postes d’emploi.

LNR/ Quelles sont vos capacités de production actuelles ?

A.O./ Rien que pour l’année 2006 on a produit environ 3000 tonnes de tomate. Au premier semestre 2007 nous en sommes à 2700 tonnes. Alors, qu’en pleine campagne on peut atteindre les 4 à 5 mille tonnes. D’ailleurs, nous sommes en contact avec des pays arabes (Libye, Liban et Irak) pour d’éventuelles exportations tous produits confondus.

LNR/ Quelles sont vos contraintes actuelles ?

A.O./ Pour cela on n’est pas bien lotis. On se démêle comme on peut. D’abord, le problème du foncier industriel. On se heurte à la bureaucratie du foncier industriel qui, à mon avis, n’est pas bien géré par les autorités. Il y a des terrains octroyés depuis 15 à 20 ans et qui restent des terrains nus, non exploités et clôturés.

Cette unité devrait normalement être installée sur un site de 5 à 6 ha., alors qu’elle ne dispose de de 1,5 ha. Ce qui pose le problème du stockage du produit fini.

Aussi, nous avons une eau à forte concentration saline, ce qui nous a payer 65 millions de centimes à l’APC, en vue d’un raccordement au réseau d’AEP. Au bout d’une semaine, l’eau a été coupée. L’argument évoqué à cet effet, est que l’eau n’arrive plus à couvrir les besoins des douars voisins. La situation traîne depuis 2004 et toutes nos requêtes aux autorités compétentes n’ont trouvé aucun écho. Ce qui nous a amené à payer une seconde fois une lourde facture de 200 millions de centimes pour bénéficier d’un forage voisin.

A cela faudrait-il également ajouter le problème du gaz et surtout les contraintes fiscales et parafiscales. A mon avis il faut alléger ces contraintes. Au vu de l’état actuel des choses, rien n’a été fait pour encourager les investisseurs.

LNR/ Un dernier mot…

A.O./ Notre pays recèle beaucoup de potentialités et de ressources, il suffit d’aider les gens sérieux à travailler. Et, je ne pense pas qu’on pourrait encourager les opérateurs à investir si l’Etat ne les aide pas. A titre d’exemple je citerai la Tunisie où la TVA est à hauteur de 6% alors que chez nous elle avoisine les 17%. Les opérateurs tunisiens ont été encouragés, raison pour laquelle, ils produisent plus que nous et tendent à inonder notre marché national. Les concurrencer -et, d’ailleurs, la qualité de nos produits n’en n’a pas à rougir- nécessite un geste fort de la part de nos gouvernants afin de libérer l’initiative privée.

Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm (La Nouvelle République juin 2007)

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