Le dossier du mois de mai 2016: L’Afrique face à ses nouveaux défis

 

EDITO DE CHERIF ABDEDAÏM

Nouveaux défis et enjeux africains

L’Afrique en ce début du XXIème siècle s’attache à surmonter les défis du passé et entre dans une nouvelle phase de son histoire. Des mutations profondes mais contrastées sont engagées. On constate aujourd’hui une tendance à mettre en avant les perspectives positives du développement du continent : une croissance globale continue de plus de 5 % par an depuis une décennie, une très forte croissance démographique, une augmentation notable des recettes d’exportations des matières premières, une progression des classes moyennes… Mais les faiblesses, les vulnérabilités, les fragilités héritées de son histoire sont encore loin d’être surmontées. Ce nouvel optimisme donne en réalité de l’Afrique une image tout aussi déformée que celle qui prévalait quand un « afro-pessimisme » dominait la perception du continent, ou que celle, caricaturale, qui persiste encore d’une Afrique de toutes les calamités.

Autre déformation de la représentation du continent, celle, réductrice, qui évoque globalement une Afrique, et ne prend pas suffisamment en considération, pour une bonne compréhension des évolutions du continent, ses diversités, les dynamiques spécifiques de ses différentes régions, son fractionnement politique en 54 Etats de tailles, de démographies ou de ressources inégales.

Cela dit, sur le plan sécuritaire, et au regard des fragilités politiques et institutionnelles, une tendance à une aggravation notable des menaces transnationales se confirme. Cette aggravation, particulièrement notable en Afrique de l’Ouest et dans la zone saharo-sahélienne durant la période récente, fait ressortir les difficultés des Etats à assurer un contrôle effectif de nombreux espaces (territoires frontaliers et zones maritimes en particulier).

Aussi, tout effort purement sécuritaire comporte ses limites. La dimension politique (relation entre l’Etat et les populations frontalières) et la dimension économique (développement des territoires frontaliers, partage des ressources, prises en compte des spécificités des économies et des flux transfrontaliers, nécessité de renforcer les politiques d’intégration économique) s’imposent comme des volets impératifs d’une gestion des territoires et des espaces frontaliers.

Introduction au dossier

Si riche en ressources naturelles, l’Afrique est aujourd’hui confrontée à de nouveaux défis. Les anciens défis de développement se sont actualisés et de nouveaux défis sont nés pour cette Afrique en quête d’une voie nouvelle et rassurante pour son avenir dans le cheminement global de l’humanité vers de lendemains meilleurs. Ces défis sont entre autres : une meilleure gouvernance, une intégration politique, économique et sociale plus féconde, etc.

Affaiblie par la pauvreté et un état de misère générale, elle est notamment déchirée à cause de toutes ces guerres fratricides d’une horreur indescriptible. Ces guerres sont souvent le résultat direct de démêlés intra-impérialiste à propos des ressources de l’Afrique, le droit que chaque Africain a en naissant, sur la Terre-Mère et à l’étranger. Les peuples en sont réduits à un statut de réfugiés sur leurs propres terres et ils souffrent de toutes sortes de maladies, graves et moins graves, elles ont toutes de mortelles répercussions à cause de cette pauvreté héritée de l’impérialisme qui repose sur des structures et des rapports néo-colonialistes.

Les indicateurs sociaux qui mesurent la qualité de la vie donnent une vision lugubre de l’Afrique. La mortalité infantile, l’espérance de vie (qui ne dépasse pas 40 ans dans certaines régions), les sans-abri, les emplois et la production, le commerce, etc., tout cela ne présage qu’une misère encore plus grande pour notre peuple.

Présidant sur cet état d’affaires dans presque tout les cas, des néo-colonialistes qui, en récompense de bons et loyaux services envers leurs maîtres, reçoivent des aides du Fonds Monétaire International (le F.M.I) ou de la Banque Mondiale.

Les vies des peuples africains sont aussi remplies d’autres formes de violence. Outre l’apparition du terrorisme savamment instrumentalisé pour la déstabilisation des pays africains récalcitrants au Nouvel Ordre Mondial, beaucoup de cette violence provient de la politique tel qu’il est normalement et traditionnellement d’usage de faire souffrir le peuple comme une condition de l’autorité néo-colonialiste.

Par ailleurs, le débat autour de l’influence exercée sur les sociétés africaines par les relations économiques avec l’étranger, et notamment autour des liens entre le « pillage » des ressources naturelles et le sous-développement, reste ouvert. Certains attribuent tous les malheurs de l’Afrique contemporaine aux richesses de son sous-sol, en faisant référence à une sorte de « malédiction des ressources » qui fait plonger les sociétés africaines dans la dépendance envers l’étranger. L’Afrique serait donc tourmentée par la corruption et par les conflits parce que ses habitants cherchent à s’attribuer le rôle de « gardiens » des ressources naturelles de leurs pays. En effet, depuis l’époque de la colonisation, ceux qui ont accueilli à bras ouverts les étrangers ont reçu les instruments pour prendre le pouvoir et la légitimation internationale pour le maintenir. De plus, la progression exponentielle de l’accaparement des terres africaines semble démentir les sceptiques qui minimisent l’impact de la « course aux ressources » sur le retard de développement de l’Afrique : les pays qui hier n’avaient rien à offrir aux marchés internationaux sont aujourd’hui pris d’assaut par les sociétés agricoles, et les conditions de vie de leurs populations semblent régresser par conséquent.

Pourtant, les partisans de la « malédiction des ressources » ne risquent-ils de trop éloigner les responsabilités des Africains ? Une approche des problèmes du Continent trop concentrée sur les rapports internationaux ne sous-entend-elle la nécessité d’une aide externe aux économies et aux sociétés africaines ? Cette nouvelle forme de dépendance, et les échanges qui caractérisent les rapports donateur-bénéficiaire, n’empêchent-ils l’avènement d’une société responsable et d’un pouvoir participé en Afrique ?

Chérif Abdedaïm

Parmi les causes du chaos actuel

L’une des causes essentielles dans le sous-développement des pays africains demeure cette main mise néocoloniale qui jusqu’à présent joue sur la partition et la création de conflits internes dans le seul but de pouvoir régner en maître sur les ressources et les richesses africaines.

Cela dit, le Néocolonialisme, c’est le pouvoir blanc caché derrière un visage noir. C’est le pouvoir blanc qui, forcé par la conscience naissante des masses opprimées du peuple africain, fut contraint de passer le relais du pouvoir politique formel tout en conservant le contrôle de l’économie, définissant les limites du pouvoir politique Africain. Le néo-colonialisme repose sur les mêmes structures impérialistes qui ont leur origine dans la traite et la vente des Africains.

La signification politique du néo-colonialisme réside dans sa capacité à dissimuler la main exploiteuse du pouvoir blanc en attribuant la responsabilité de la misère grandissante des masses africaines à ses alliés noirs quoique marionnettes subalternes et remplaçantes. Le néo-colonialisme rend difficile la compréhension par les masses africaines du rôle de l’impérialisme dans leurs vies. Le néo-colonialisme crée aussi le raisonnement qui divise l’Afrique continuellement en fixant des frontières coloniales à l’intérieure desquelles les règles néo-colonialistes et les marionnettes néo-colonialistes fleurissent. Cela crée aussi des conditions dans lesquelles il est impossible pour l’Afrique de traiter avec ses exploiteurs impérialistes en tant qu’entité simple, rendant plus facile l’exploitation de chacun des micro-Etats séparément.

Économiquement, le néo-colonialisme a empêché le développement d’une économie nationale africaine nécessaire en fermant la vie économique des peuples dans les mêmes frontières coloniales qui ont été créées sans d’autre logique que de faciliter le transfert de notre richesse de l’Afrique vers l’Europe, l’Amérique du Nord et graduellement vers le Japon. Le néo-colonialisme empêche l’Afrique de développer une stratégie commerciale simple et laisse l’Europe et l’Amérique du Nord seuls à décider des prix sur les importations, les exportations et tout le commerce Africain. C’est la condition nécessaire à l’expropriation ininterrompue des richesses africaines par l’Europe et l’Amérique du Nord.

Le Néocolonialisme a contribué à la crise économique à laquelle l’Afrique se trouve maintenant confronté. Aujourd’hui seulement près de sept pour cent du commerce formel de l’Afrique a lieu en Afrique même, ce qui signifie que 93 pour cent du commerce africain représente l’expropriation continue des ressources Africaines par leurs oppresseurs et exploiteurs historiques. De plus, 83 pour cent du Produit National Brut des pays africains combinés sert à payer la dette qui a été accumulée par les dirigeants néo-colonialistes de l’Afrique à travers la manipulation des relations commerciales créées et dominées par l’Europe et nées de l’esclavage et du colonialisme. Cela signifie que l’Afrique n’a accès qu’à 17 pour cent de ses ressources propres après le paiement de la dette factice. Une fois que la petite bourgeoisie primitive néo-coloniale prend sa part du gâteau, les masses africaines ont la chance de réaliser cinq pour cent de ce qu’ils produisent.

Chérif Abdedaïm

Quelques questions fondamentales

La question de l’unité africaine

Faudrait-il comprendre aujourd’hui que la question de l’unité africaine est une question impérieuse ?

A plus forte raison, oui. Car, non seulement, l’unification de l’Afrique a un sens politique et économique mais elle a aussi sa base dans le besoin de rectifier le verdict de l’impérialisme qui résulte dans l’oppression et l’exploitation du peuple Africain, en Afrique et à travers le monde.

De plus, nous devons être clairs, sur le fait que notre définition d’unité reconnaisse l’importance des Africains qui ont été dispersés de force à travers le monde par l’esclavage colonial imposé par les Européens. En Vérité, la réalité d’oppression qui demeure une expérience vécue à travers le monde entier a la même base historique que les circonstances responsables des conditions actuelles de l’Afrique.

Cela dit, les africains demeurent un même peuple dispersé de force à travers le monde et dont les luttes menées séparément, objectivement parlant, sont des tentatives pour résoudre la même contradiction fondamentale causée par la l’intervention Européenne et qui a séparé les Africains, en Afrique et ailleurs, de leurs biens et de leurs richesses.

Alors que l’aliénation des ressources matérielles de l’Afrique est bien connue des partisans de l’unité Africaine, il n’est si facilement admis que l’Afrique ait également souffert d’une aliénation de ressources humaines incroyable à savoir ces Africains qui ont été dispersés à travers le monde par l’esclavage colonial.

Cela dit, si les pays africains souffrent aujourd’hui, c’est en partie parce que leur calvaire doit son existence aux centaines années d’intervention impérialiste en Afrique qui ont contribué à la misère écrasante de l’Afrique.

Les critiques des impérialistes à propos de l’Afrique font toujours ressortir sa pauvreté comme étant quelque chose d’auto infligée. De même, ils aiment à souligner les soi-disant progrès d’autres peuples et pays autrefois sous leur domination coloniale directe. L’Afrique, prétendent-ils, est un exemple de désespoir seulement digne de pitié.

L’heure est donc venue pour les pays africains de renverser cet ordre préétabli en relevant les différents défis auxquels ils sont confrontés, d’où une réflexion profonde sur la mise en œuvre d’une unité africaine fiable et efficiente.

La question de la promotion d’un projet africain de société

Il s’agit pour de chercher à mettre en exergue une question chaque fois escamotée
dans les différentes Assemblées – et pourtant fondamentale – celle du Projet de société. Autrement dit,est-il possible de relever les défis pour l’Afrique sans un projet de société ? Question longtemps évitée comme si elle n’existait pas … Et pourtant, l’heure semble à la capitalisation des bilans du cinquantenaire des indépendances des Etats africains en se demandant si l’Afrique a un Projet de Société. Si oui, en quoi consiste-t-il ? De quelle manière l’a-t-elle géré jusqu’à ce jour ? Quelles sont les perspectives de sa promotion afin que l’Afrique s’épanouisse en tant qu’une société humainement humaine ? Les leaders politiques, les gouvernants et les universitaires africains
sont- ils conscients de l’existence et de la pertinence de ce projet ? Celui qui fait parler de l’Afrique sur la scène mondiale au travers de certaines expressions sociopolitiques et historiques, à l’instar des mouvements sociaux et politiques, luttes des masses, grèves des étudiants, etc.

La question du changement climatique et des droits de l’homme

La question climatique est devenue incontournable de nos jours, vu l’ampleur des mutations que connaît notre planète, les appels alarmants de la communauté scientifique, et la mobilisation grandissante de la communauté internationale pour enfin trouver une solution durable à ce nouveau défi auquel est confronté notre planète et qui menace sa survie. Toutefois, les efforts des uns et des autres étant limités du fait de la multiplicité des intérêts économiques et des enjeux de puissance qui
entourent ces débats sur les changements climatiques, il s’avère aujourd’hui nécessaire de postuler un nouveau paradigme à travers lequel tous pourront se reconnaître et autour duquel ils pourront mieux se rassembler pour trouver des solutions plus justes et équitables, profitables au genre humain en général.
Cela dit, il serait illusoire de vouloir sauver la planète des changements climatiques tout en mettant les intérêts économiques et les enjeux de puissance au centre des préoccupations plutôt que de mettre l’Homme et le respect de ses droits à leur juste place ; car aussi longtemps que l’homme sera ici considéré juste comme un agent économique et non comme un être de droits et de dignité, il serait assez difficile de prendre des mesures contraignantes fortes en matière d’atténuation et
d’adaptation aux changements climatiques, même si tous reconnaissent la grande vulnérabilité à laquelle est soumise le genre humain en général et les plus faibles en particulier.
Aussi, faudrait-il envisager une approche de lutte qui mettra l’homme au centre des débats en s’appuyant sur le principe de « Responsabilité commune mais diversifiée » de la Convention Cadre des Nations Unies pour les Changements Climatiques (CCNUCC). Car, à continuer de s’appuyer sur le principe « Pollueur- Payeur », l’on ne trouvera jamais un terrain d’entente vue qu’on se trouverait là dans un contexte plein de diversité et pluralité des intérêts opposés et apparemment inconciliables.
Postuler une approche managériale qui mette l’Homme et sa dignité semble être le gage de la réussite des politiques publiques de lutte contre les changements climatiques, que ce soit au niveau local, national, régional ou global, c’est motiver l’émergence d’une approche beaucoup plus claire et évaluable des politiques climatiques.
Car, là en fait, le baromètre de la réussite sera le degré de lutte contre les injustices climatiques. Enfin, c’est désormais voir la question climatique non seulement comme une question environnementale et économico-stratégique, mais aussi et surtout comme une question des droits humains fondamentaux qu’il est question de préserver et de protéger.

La question des nouveaux enjeux sécuritaires du XXIe siècle

Les différentes régions africaines ont été ces dernières non seulement le théâtre de conflits armés, de violences politiques, de déplacements massifs des populations, mais aussi et surtout le terrain des rivalités et convoitises des puissances extérieures. Aujourd’hui, la dimension géopolitique et stratégique de l’Afrique est au cœur des contraintes sécuritaires. Différentes régions font face à plusieurs menaces sur le plan sécuritaire : terrorisme (dans la région sahélienne, au Nigéria, Cameroun, etc), développement de la criminalité transfrontalière, insécurité le long des frontières, développement des actes de piraterie maritimes dans le golfe de Guinée, intensification des actes de barbarisme et violences, etc.

Dans ce sens, faudrait-il mettre l’accent sur trois points importants à savoir : la redéfinition du cadre sémantique de la sécurité dans le contexte africain, la présentation des menaces sécuritaires du moment et enfin les défis d’une véritable gouvernance sécuritaire en Afrique du XXIème siècle.

La question du state-building

La réflexion sur la construction de l’Etat en Afrique est vieille et remonte à la période de la décolonisation. Pour autant, la question ne semble pas devoir s’épuiser, tant s’en faut. Elle semble chaque fois renaître ou se revigorer à la faveur de l’exhumation de l’un des nombreux maux dont souffre le continent : analphabétisme, pauvreté, guerres civiles, contestations électorales,… L’idée de state building, portée par les entrepreneurs de développement et inscrite initialement dans la logique de « l’invention de l’Afrique » par le monde, horripile ceux qui appellent de tous leurs vœux une « invention du monde » par l’Afrique. La notion de state building, background des nombreuses thérapies appliquées à un continent terre d’élection d’Etats à épithètes (« fragiles », « falling », « failed », « collapsed »), apparaît comme un défi non seulement sur le plan conceptuel mais aussi opérationnel. L’idée de state-building renvoie aux normes de construction ou à l’édification d’un Etat, à la mise en place de mécanismes et normes internationaux de management politique censés restaurer les capacités des Etats considérés comme en déliquescence. Pour certains observateurs mus par l’idéal de souveraineté de l’Afrique, ce que sociologues et historiens appelaient naguère processus ou phénomène néocolonialiste est devenu aujourd’hui, par la magie des modes intellectuelles ou sous l’effet de la réussite d’entreprises de requalification scientifique, le processus de state building. La question du state building semble plus complexe que cela et appelle à dépasser la logique explicative classique de contrainte, et d’enfermement pour réfléchir sur le grand écart qui peut exister entre les projets des concepteurs du state building et leur fonctionnement au concret, sur le rapport entre contrainte et liberté des Etats africains inscrits dans le maelstrom de la mondialisation et de l’interdépendance. Ainsi, le state building que véhicule l’ingérence démocratique en Afrique, loin d’être une stratégie planifiée, est un « dispositif », c’est-à-dire « un ensemble résolument hétérogène comportant des discours, des institutions, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques,… » qui structure la marche des Etats dans le continent.

L’idée de dispositif permet donc de mettre en exergue non seulement les contraintes qui pèsent sur les Etats africains dans leurs relations avec l’Occident, mais aussi la tendance du dispositif à survivre à l’intentionnalité et aux visions parfois hégémonistes qui ont présidé à sa mise en place. En d’autres termes, dans les relations internationales structurées par l’idée de state building, les Etats africains, mieux les penseurs africains, disposent d’une marge de manœuvre conséquente car le « dispositif », se maintient très souvent au-delà de l’objectif stratégique initial.

A travers la notion de « dispositif » faudrait-il notamment mettre en avant les possibilités de traduction locale de la notion de state building et la redistribution subséquente de la capacité d’agir dans les relations internationales. In fine, se pose la question d’une réflexion sur la structure d’opportunités politiques des Etats africains dans le grand rendez-vous du donner et du recevoir. Autrement dit, sortir des poncifs relatifs à la contrainte, au néocolonialisme ou à l’impérialisme dont l’Afrique est l’objet pour mettre en avant le gisement d’opportunités que constitue l’institutionnalisation des horizons d’attentes démocratiques au sujet des Etats africains. Pour cela, l’inventivité en la matière est l’un des passeports pour faire du 21ème siècle, le siècle de l’Afrique.

La question d’un modèle de coopération économique sud-sud ?

Au lendemain des indépendances, les dirigeants africains ont fait de l’intégration régionale un volet essentiel de leur stratégie de développement. C’est dans cette perspective que des zones économiques et monétaires sur le continent ont été mises en place et dont la mission principale est la facilitation de la coopération économique et l’intégration des peuples. Les objectifs de cette politique d’intégration sont la promotion de la croissance et le développement économique dans ces zones en particulier et de toute l’Afrique en général, l’instauration d’une coopération économique réciproquement bénéfique surtout entre pays voisins. Si pour le moment, le commerce africain peine à se hisser une place de choix au niveau mondial, faudrait-il notamment espérer que le renforcement des échanges entre pays du sud peut constituer une aubaine pour pallier à cette insuffisance.

Il est donc aujourd’hui intéressant pour ces pays de renforcer davantage la coopération sud-sud pour une véritable intégration des économies africaines à l’instar des autres zones économiques dans le monde.

La question de la nourriture au XXIe siècle

Par-delà les conflits apparents, l’Afrique s’affiche aujourd’hui comme un terrain de bataille fertile pour les pays souhaitant maîtriser la production et la gestion de la nourriture.

En effet, le continent offre un potentiel immense pour solutionner les problèmes alimentaires, estiment certains observateurs. Paradoxalement, il est resté parmi les plus affectés par les problèmes de faim. Alors que dans divers domaines, l’Afrique peine à trouver ses marques et à affirmer sa vision, la maîtrise de la nourriture ne constituerait-elle pas le dernier rempart qui permettrait d’établir les bases d’un développement durable dans l’Afrique du XXIe siècle ?

La question est d’autant plus préoccupante que les défis relatifs à la nourriture se sont diversifiés. Entre autres, l’on a orienté la nourriture vers d’autres fonctions que celle de nourrir, notamment avec le développement des biocarburants. Les solutions proposées comme l’industrialisation à outrance, le développement des biotechnologies agricoles et les mécanismes institués grâce au commerce international sont fortement contestables. Par ailleurs, ces solutions soulèvent des questions sous-jacentes sur le plan culturel, éthique, sanitaire ou autres – qui sont autant de défis à relever – tandis que leur pertinence est incertaine.

Ainsi, si le ventre des populations devait finalement dépendre de l’aide extérieure ou de déterminants non véritablement maîtrisés par l’Afrique, tout rêve de souveraineté économique, sociale ou culturelle deviendrait illusoire. Dès lors, la réalisation du droit à la nourriture à travers des solutions traduisant une vision africaine de la souveraineté alimentaire constitue un pilier majeur du développement recherché.

La question du dividende démographique

Le dividende démographique : une opportunité à saisir d’urgence pour le développement de l’Afrique. Car, on ne peut « penser le futur » de l’Afrique sans tenir compte de sa ressource la plus importante, à savoir les êtres humains. Parce que ce sont eux qui sont les premiers facteurs pour la « réinvention du futur » de ce continent. Et notamment cette jeunesse qui en constitue un dividende dont il faut savoir tirer profit. L’Afrique est et sera encore pour longtemps le continent le plus jeune du monde.

Elle a et aura par conséquent le meilleur atout pour son développement, tant cette jeunesse constitue une population potentiellement active, susceptible de contribuer à la production des biens et des services, à l’amélioration de la qualité de la vie, à l’augmentation de l’épargne et des investissements, etc. Mais pour y parvenir, il faut dès maintenant investir dans cette jeunesse, pour qu’elle soit effectivement active, faute de quoi, elle deviendra un poids, un défi démographique, voire un facteur de sous-développement, de troubles sociaux, d’instabilité politique, comme le préconisait il y a bien de siècles Robert Malthus. Ce sont ces enjeux qu’il faudrait prendre en compte.

La question de la monnaie Unique Africaine

La question qui fait débat actuellement est celle de la nécessité actuelle des pays africains d’aller vers la mise en place des Etats Unis d’Afrique afin de pouvoir mieux peser sur les grandes décisions prises au niveau des Nations Unies et également dans les autres organisations économiques mondiales (OMC, FMI , Banque Mondiale).

Dans ce sens, on évoque, d’une part, la mauvaise place de l’Afrique dans le contexte actuel de mondialisation (part de l’Afrique dans le commerce international, structure des exportations de l’Afrique, faiblesse du commerce intra africain, dégradation des indicateurs socioéconomiques), d’autre part, le rôle fondamental de la monnaie unique africaine comme enjeux pour l’intégration économique et enfin les contraintes techniques et institutionnelles de la monnaie unique.

Selon les partisans de la monnaie unique en Afrique, celle-ci va « booster » le commerce intra-africain , ce qui est un facteur de renforcement de l’intégration économique, elle va aussi réduire la multiplication des coûts de transaction par la suppression des monnaies nationales, ce qui va améliorer la compétitivité économique des Etats , enfin elle propose un même destin monétaire aux pays africains avec, à l’appui, la pratique d’une politique monétaire orthodoxe suite au caractère supranational de la future Banque centrale africaine qui lui permet d’être indépendante à l’égard des pouvoirs politiques. Enfin, les conditions préalables à la mise en place de cette monnaie unique sont évoquées entre autres il y a la volonté politique marquée, la convergence des économies, la pratique de la bonne gouvernance, et l’établissement d’Etats de droit.

La question de démocratie et des droits de l’homme

L’Afrique contient actuellement cinquante trois Etats. Ce nombre exprime d’une manière éclatante la réalité de la division dont souffre le continent. Réalité héritée de la colonisation, qui a été responsable des plusieurs problèmes politiques, économique et Sociales. Cette division a ignoré

l’appartenance géographique et humaine de peuples de ce continent. Les conflits ethniques, frontaliers et régionaux, qui ont mis fin aux espoirs de développement de plusieurs pays, sont les conséquences de cette division. Les slogans affichés et les objectifs fixés, lors de l’indépendance, en termes de liberté et de développement, se sont vite heurtés, à la réalité têtue de son développement. Ce qui a conduit à la détérioration des situations dans le différent domaine.

Plusieurs chercheurs et experts concernés par les affaires africaines s’accordent à penser que l’absence de la démocratie est la cause majeure de sous développement de ce continent. En outre, autres défit font obstacles à la démocratie dans les pays africains. Il s’agit, notamment des Coups – d’Etats récurèrent dont le rythme est accentué, récemment, dans le continent. Il s’agit également de l’absence de la bonne gouvernance, la prolifération de gabegie administrative et financière, le tribalisme, le népotisme, les conflits raciaux, la prédominance des phénomènes d’analphabétisme et de la pauvreté, les maladies endémiques, les guerres civiles, les conflits armés … etc. De ce fait, la voie de la reforme démocratique en Afrique demeure entourée des risques, bien que certains pays africains ont réussi dans l’instauration des régimes démocratique stables.

Chérif Abdedaïm

Le panafricanisme : un rêve à réaliser

Rien n’unit les Africains plus que l’envie de se débarrasser de l’étreinte occidentale dans leur pays ! Le panafricanisme est un rêve pour beaucoup d’Africains qui espèrent voir réaliser un jour une Afrique forte et unie.

Cela dit, est-il possible d’avoir une indépendance réelle vis-à-vis de l’Occident ? Après cinquante ans d’indépendance, le réseau Foccart ou la Françafrique avec le concours des régimes autoritaires en Afrique et des firmes internationales maintiennent une situation chaotique et désastreuse au détriment des peuples engloutis dans la pauvreté, rongés par la corruption et déchirés par des conflits fratricides à l’exemple du Tchad où l’exploitation pétrolière est devenue une véritable «malédiction» de l’or noir. En RD Congo la production minière se transforme aussi « malédiction des ressources naturelles », sans compter le «conflit des Grands Lacs» impliquant sept pays en guerre, la République démocratique du Congo (RDC), le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie d’un côté, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi de l’autre. Au Niger l’exploitation de l’uranium, en Côte d’Ivoire la production cacaoyère et pétrolière et les gisements d’or et diamants en Guinée…. sont essentiellement exploités par des entreprises occidentales qui réalisent d’énormes chiffres d’affaires en pillant les richesses de l’Afrique par une politique néocolonialiste de l’impérialisme occidental.

Un Occident militairement omniprésent sur le continent sous prétexte des accords militaires et où la guerre contre le terrorisme. Cet Occident à la main mise sur les institutions internationales clés : la Banque mondiale, le FMI (Fonds monétaire international), les organismes internationaux, etc.

Étant donné de la faiblesse économique et militaire; l’Afrique peut-elle vraiment faire face à ces puissances occidentales prépondérantes ? Comment comparer entre qui possède les bombes nucléaires et les avions militaires de chasse avec nos Bazooka primitifs ?

Aujourd’hui, en Afrique sommes-nous obligés forcément de copier-coller entièrement le système démocratique occidental ? Ne peut-on pas créer une démocratie africaine ? Une démocratie qui répond aux aspirations du peuple ? Une démocratie qui reflète la réalité multiethnique et traditionnelle de l’Afrique ? Un système de liberté, de justice, du respect et de la considération de l’être humain et des peuples africains. Un système où l’Africain se sentira chez lui citoyen et patriote. Un système capable de dire Non aux pillages des ressources et aux chantages des puissances occidentales.
On se doit de réaliser ce rêve.

Chérif Abdedaïm

Lien Permanent pour cet article : https://cherif.eljazeir.com/2016/07/02/le-dossier-du-mois-de-mai-2016-lafrique-face-ses-nouveaux-dfis/