LÉTHARGIE DE LA CLASSE OUVRIÈRE ? TIENS DONC !

Par Robert BIbeau, le 2 octobre 2013

Il semblerait que la classe ouvrière soit apathique

Nombre de militants ouvriers et de partisans étudiants se questionnent à propos de l’apparente torpeur ouvrière face aux agressions répétées du capital financier et de son État-inféodé, attaques menées contre les ouvriers dans le monde entier. D’autres organisations, soi-disant d’avant-garde populistes, se lamentent «Pourquoi la classe ouvrière ne gagne jamais ?». Tiens donc ?!

Observons quatre exemples parmi d’autres :

1) La grève des étudiants – fils et filles d’ouvriers – l’an dernier au Québec. Les étudiant(e)s se sont battus vaillamment, avec acharnement, et ils ont bloqué la hausse des frais de scolarité mais la classe ouvrière ne s’est pas mobilisée pour défendre ses enfants molestés par la flicaille déchaînée. Une commission d’inquisition fait présentement le post-mortem de cette guerre de classe que les jeunes ont remportée afin de préparer la prochaine attaque de l’État et de ses matraques.

2) Présentement dans le monde occidental, les salaires sont moins élevés qu’il y a nombre d’années. L’inflation a pourtant grugé nos deniers et le pouvoir d’achat des salariés. Les ouvriers sont devenus des travailleurs pauvres ayant de la difficulté à remplir leur panier et pourtant aucune explosion de colère de la part des déshérités. À Winnipeg, 40% des sans-abris (SDF) sont des travailleurs en emploi. Toronto suit de près et il en est de même dans les villes étatsuniennes. Pourtant, aucune insurrection.

3) Au Québec, depuis quelques semaines, une coterie de petits-bourgeois marguilliers de la laïcité surexcités, bien payée et jouissant de la sécurité d’emploi, acoquinée à des plumitifs chauvinistes couleur croix de St-Georges et fleur de lys (de souche prétendue), mène ramdam contre les travailleuses immigrantes précarisées, menacées d’être congédiées si elles ne s’habillent pas selon les exigences des punaises de bénitiers. Les humbles travailleuses voilées des Petites Mains (rue Saint-Laurent à Montréal) connaissent bien le stress du surmenage suite au travail accablant, le chômage et ses ravages; pourtant elles ne se soulèvent pas pour renvoyer ces coquerelles de sacristie et leurs groupies à leurs psalmodies et leurs litanies.

4) En France l’État attaque drastiquement les programmes de retraite des travailleurs et pige dans la caisse des fonds de pension. Il menace de ne pas remettre les salaires que les ouvriers ont économisés et confiés en fidéicommis aux banquiers cleptomanes qui se sont déjà servis lors de la dernière crise financière (2008). Plutôt que de lancer la riposte frontale contre l’ensemble de la machine d’État policier, les porte-paroles syndicaux amorcent des négociations pour déterminer à quelle fréquence et à quelle cadence l’argent des ouvriers sera exproprié pour être transféré aux banquiers toujours affamés de profit.

Ils cherchent à droite alors que le traitre est à gauche

Pour toutes ces trahisons il ne faut pas se gêner de dénoncer tout ce qui grouille et grenouille à « gauche » de l’échiquier politique.  Ils sont tous pareils, que leurs critiques soient «soft» ou que leurs jérémiades soient «hard» c’est du pareil au même. Ils apaisent la classe au lieu de la soulever et de la radicaliser. Ils la dirigent vers les culs de sacs réformistes, les visites de lignes de piquetage, pétitions et autres tactiques de sous-fifres.

Cet atavisme apparent de la classe ouvrière est le résultat direct de la trahison des clercs convers réformistes, socialistes, maoïstes, trotskystes et gauchistes de tout acabit. Ce sont les gauches plurielles qui ont changé de camp se trainant aux basques des médias et de la bourgeoise, espérant ainsi gagner leur pitance sur le parvis du parlement.

Camarades, commençons par houspiller leurs agents dans nos rangs tout en expliquant à la classe que l’ennemi principal est caché derrière ce lâche front du refus de la résistance. Ces couards-là devant vous – ces petits porte-messages – ces cupidons des patrons – bureaucrates syndicaux, employés d’ONG, militants en goguette de la gauche cassoulet – n’ont que le courage que leur confère la machine d’État, tapis dans l’ombre derrière eux, alors que les capitalistes se sont enfermés dans les soutes des banquiers et dans les bureaux feutrés des financiers.

Cette supposée apathie des ouvriers est le résultat d’une stratégie élaborée par le grand capital et mise en œuvre via ses médias à la solde en se servant de leur courroie de transmission – leur fer de lance sur les planches du théâtre de la rue et de l’usine – j’ai nommé la pléthore de petits-bourgeois intellectuels, partisans chauvins qui œuvrent farouchement à liquider toute velléité de résistance radicale. 

Que pensez de ces syndicats d’ouvrières (organisations de matrones et de mégères) noyautés par la milice féministe indifférente à la misère qui frappe leurs congénères mais indignées de les voir mourir de faim… un voile à la main. Les immigrantes, comme les autres travailleuses, paient leur cotisation pour se voir vilipender par ces vénaux acoquinés. Et que penser de ces syndicalistes, brasseurs d’affaires, soupçonnés de trafiquer avec la mafia, de copiner avec le patronat, et de coopter les politiciens voleurs à qui ils retournent l’ascenseur dans les instants de malheur.

Pourtant, il faut oser, camarades.  Oser les dénoncer et se démarquer de cette engeance petite-bourgeoise pourrie qui remplit sa mission de courroie de transmission entre les gagne-petit d’un côté et les puissants et leur État chien couchant de l’autre. Que la honte s’abatte sur la couardise de ces nationalistes-chauvines xénophobes qui osent dénoncer les ouvrières opprimées-voilées-exploitées. 

Défaire les petits-bourgeois pédants sur leur terrain d’ergotage et reconstruire l’unité de notre classe c’est notre devoir camarades. Les ouvriers sur les barricades se chargeront de la piétaille et du boucher au bouclier à cheval.

C’est ainsi que nous allons nous démarquer des réformistes car nous ne cherchons pas à obtenir des allègements de peines pour nos camarades esclaves salariés, nous voulons tout le pouvoir pour les ouvriers, le sel de la terre, les bâtisseurs du monde entier. Nous voulons culbuter les capitalistes monopolistes, pas les amadouer.

Il faut admettre que nous avons une responsabilité dans cette apparente passivité des ouvriers.  Tant  que nous n’aurons pas offert à notre classe un Parti Révolutionnaire Ouvrier, la situation ira en s’aggravant. C’est la problématique fondamentale de notre temps, sur le plan politique s’entend. Pas d’idéologie révolutionnaire = pas de parti révolutionnaire = pas de révolution socialiste. Un parti d’avant-garde (pas un parti  de masse ou un parti du peuple tout entier se pressant vers les urnes pour quémander sa pâtée de votes de charité).

Sans parti, non seulement il n’y aura pas de révolution mais aussi très peu de résistance sur le front économique de la lutte de classe, et pas du tout d’avancée sur le front politique de la guerre de classe…au contraire.

Aucune apathie mais des forces qui s’accumulent

Enfin, camarades, méfiez-vous de ce jugement  à propos de la passivité apparente des ouvriers. Cette atonie dissimule une formidable accumulation d’énergie tel un volcan encore sous terre. Pendant  que l’on geint à propos de la révolution immobile («Pourquoi on perd tout le temps?», les forces d’implosion s’accumulent sous nos pieds incrédules. Ça va exploser mondialement ! Cessons de répéter ces billevesées à propos de la léthargie des ouvriers qui n’est qu’apparente.  Le vrai problème, c’est qu’au moment où ça va exploser nous ne serons pas préparés.

La classe ouvrière  ne semble pas résister, car tout autour d’elle que peut-elle observer ? Des poltrons, de vieux traitres prostrés, d’ex-militants (En Lutte, PCO, Trotskystes impénitents) qui ont quitté la vie politique pour  se la couler douce et qui reviennent en douce fureter pour voir s’il ne pourrait pas monnayer leur restant d’information postdatée. Vous voudriez que les ouvriers mettent leur vie en danger pour ces mégères apeurées?  La classe ouvrière se cherche des meneurs de révolte, prêts à y laisser leur peau et leurs os… pas des mauviettes et leurs estafettes.

Camarades, MAI-68 vous paraîtra blafard en comparaison de cet embâcle qui se prépare. Car plus intenses sont l’exploitation et l’oppression, plus violente sera la résurgence de la résistance des Partisans.  Plus elle mettra de temps à surgir pire elle sera  pour leurs sbires (patronaux).

La classe ouvrière bénéficie d’une immense sagesse. Elle sait d’instinct, et elle le voit partout où ses camardes se lèvent pour mener des escarmouches, que la prochaine révolte sera terrible et la répression à la mesure de l’explosion sociale. Ne voyez-vous pas en Égypte, en Tunisie, au Brésil, en Grèce, en Espagne, en Afrique du Sud, en Chine et au Québec, partout des batailles rangées – que les petits-bourgeois tentent de saboter, effarouchés par la violence des exploités. Ils déblatèrent à propos du voile, de la laïcité, de la délinquance des banlieues, des mauvaises mœurs, des islamistes, de la turpitude des politiciens récidivistes et patati et patata…

Des ouvriers s’apprêtent à mourir sur les barricades, camarades… Quand en ferons-nous nos alcades ?

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